EutectiC, la tactique des gens d’âme…

À l’heure où il est « in » de se revendiquer comme un « collectif », EutectiC, collectif avant l’heure et précurseur, continue de tracer sa route, avec le même panache et un dessein immuable, à savoir, de partager une « politique artistique » commune : la poésie et l’imagination, à la fois une poétique et une esthétique…

Ces inénarrables conteurs pétillants de malice fêtent leurs 20 ans et entendent, plus que jamais, redéfinir leurs orientations artistiques. Le conte, ancré dans une tradition populaire, demeure pour eux une forme essentielle. « EutectiC c’est avant tout la mise en commun de compétences ; nous avons au fur et à mesure appris à travailler ensemble avec la même envie de faire des spectacles pour le peuple selon une volonté profonde d’affirmer une culture populaire. Certes le terme est quelque peu galvaudé aujourd’hui, mais il ne nous apparaît pas démagogique, pour nous, c’est une exigence artistique », témoignent de concert les artistes.

« Nous sommes aujourd’hui comblés, nous avons 20 ans et sommes fiers de les avoir. C’est l’occasion de se poser et de réfléchir à ce que nous faisons encore ensemble ». Une conviction commune les lie, celle de s’adresser au plus grand nombre, et non pas qu’aux cérébraux, mais également aux sensoriels. L’enjeu est de permettre à la passion d’entrer dans le quotidien des personnes, afin d’entretenir l’émulation artistique du plus grand nombre.

L’enjeu n’est ni d’éduquer, ni de produire des discours, ni d’enseigner, mais plutôt de faire découvrir. En chaque individu, il existe une part artiste, or, si d’une manière générale, l’école permet de découvrir, libre à chacun d’approfondir, et le collectif EutectiC, animé par l’esprit de rencontre, entend ne jamais laisser la curiosité du public s’éteindre. Si la culture se fait parfois de plus en plus élitiste, les souffleurs de vers insufflent, loin des querelles d’école, une poésie nourrie de mystère et prémunie contre l’uniformisation. « Nous revendiquons la poésie avec un petit « p », car l’art doit être au quotidien et c’est une occasion d’être sensible ».

Que les membres du collectif proposent un campement insolite avec des hommes en bleu surprenant de poésie, ou qu’ils nous content, dans l’écrin d’une salle intime, des histoires, ils nous éveillent et nous enrichissent. En multipliant les rencontres, ces artistes apportent la vie parfois où tout semble monotone voire morose. Même si les conditions artistiques semblent parfois difficiles, rien n’empêche le collectif de délivrer un message de l’ordre de l’intime, parlant au spectateur d’âme à âme.

Dans un travail de terrain, EutectiC rêve d’un art qui s’adresse au plus grand nombre et va, de ville en ville, de porte en porte, partager avec générosité une poésie inattendue. Pascal Thétard, Pascal Salzard, Raynald Flory et Marie-José Solivellas sont animés depuis 20 ans d’une même passion et de valeurs intemporelles ; nul ne peut rester insensible à l’art et la poésie peut nous sauver de la monstruosité en multipliant avec bonheur les étincelles positives. Sans se revendiquer comme poètes prophètes, à la manière d’Hugo en son temps, les amis du collectif, véritables « passeurs », nous font comprendre que, poète est celui-là qui accepte le mystère de l’art…

Amandine Lefèvre

Le Collectif artistique EutectiC est une association, un regroupement d’artistes professionnels mettant en œuvre une politique commune pour défendre les arts de la rue.

Il s’inscrit dans une politique artistique avec comme utopie que tout être humain a une sensibilité artistique et qu’être artiste professionnel c’est essayer de révéler le grain de folie de chaque être humain.

Aujourd’hui, il y a urgence à réveiller la part artistique de chacun d’entre nous afin de résister à l’enfermement que nous impose la dictature culturelle.

Le gouvernement  pense que l’art et la culture sont nécessaires et donc dirige et décide comment ils vont se développer via les institutions culturelles. Les intermédiaires que sont les experts, les diffuseurs, les responsables de service culturel…répondent aux directives ministérielles et ont obtenu un pouvoir économique et de décision qui font loi.

Si le développement des festivals pouvait laisser espérer être un lieu de prédilection pour se produire, il n’en ait plus rien car ils deviennent eux aussi institutionnels.

Revenir à  la confiance envers l’artiste, favoriser et aider les créations personnelles, aider financièrement les petites compagnies pour la diffusion des spectacles de rue entraînerait  peut-être une baisse de niveau à l’élitisme cérébral fixé mais favoriserait l’émulation artistique du plus grand nombre vers une pluralité de qualités et non pas vers une excellence reconnue qui ferme tout espoir d’exister.

Multiplier les faits artistiques non évènementiels pour que l’art devienne l’art de vivre, l’art au quotidien.

Le culturel, c’est la capitalisation de références et de savoirs. Le culturel est codé et  permet un langage commun, une connaissance commune pour une « élite ».

Par exemple :

Regarder une œuvre plastique : certains l’apprécieront  grâce à leurs références culturelles et d’autres l’apprécieront avec leur sensibilité.

Pour apprécier une œuvre ou un spectacle, il ne doit pas forcément nécessité d’une démarche intellectuelle. Le « cérébral sensitif » ne représente pas le plus grand nombre.

Pour réaliser un acte artistique, il est nécessaire d’oublier le culturel.

Le Collectif artistique EutectiC revendique le fait de partager un acte artistique avec tous, y compris  ceux qui  n’ont pas les références culturelles. La rue est donc de fait le lieu privilégié pour aller à la rencontre d’un public qui ne sait pas qu’il va devenir spectateur le temps d’un poème, le temps d’un sourire.

Sa volonté est de privilégier l’artistique dans la quotidienneté ;  d’investir l’espace public  en multipliant les formes pour surprendre, étonner, intriguer ;  Apporter un décalage artistique et favoriser l’insolite pour faire fuir la routine.

Aller dans l’espace public, c’est entretenir une culture commune à tous.

La  vraie démocratisation de l’art pour EutectiC, c’est d’aller directement du producteur au consommateur.

Mais problème de financement : qui paye ?

Le consommateur ?

Exemple des AMAP : le consommateur s’engage, décide et  donc accepte de payer  pour une meilleure qualité de produit . système marchand

Rien à voir avec l’art.

  • en développant une rencontre ludique avec un rituel chaleureux, coloré permettant un partage, un engagement, une mise en risque. L’artiste relève un défi en proposant un choix important de poèmes.
  • Ouverture de rideau : Le parapluie, parasol ou ombrelle s’ouvre et le temps s’arrête le temps du poème. Fermeture du rideau.